Auteur : Irène Kris, avocate à la Cour
Date : 15 mai 2020
C’est l’histoire incroyable d’un homme, facteur de métier, qui s’est mis en tête de créer de ses propres mains un Palais idéal à Hauterives en 1879. Toute sa vie fut consacrée à la construction de ce monument.
Ce monument a longtemps été décrié par ses congénères qui lui réfutaient le statut d’œuvre d’art. Aujourd’hui, ce monument est reconnu comme une œuvre d’art majeure, classé en 1969 Monument Historique par André Malraux alors Ministre de la Culture, au titre de l’art naïf.
Il a inspiré de nombreux artistes notamment Niki de Saint Phalle qui s’est intéressée aux ensembles monumentaux et créa en Toscane le Jardin des Tarots.
Le facteur Cheval passa du statut de fou à artiste. Sa construction fut érigée en œuvre d’art.
Raymond Isidore, employé communal de la ville de Chartres, connut les mêmes sarcasmes.
Accablé, il fut traité de fou lorsqu’il décida en 1938 d’embellir sa maison située à Chartres en ramassant des morceaux de verre et de faïence qu’il transforme en mosaïque.
Après avoir été rachetée par la ville, la maison surnommée « Picassiette » a été classée Monument Historique en 1983 : https://www.chartres.fr/maison-picassiette/.
En droit, l’opinion formulée sur la valeur esthétique de l’œuvre est interdite.
L’article L 112-1 du code de la Propriété Intellectuelle dispose :
« Les dispositions du présent code protègent les droits des auteurs sur toutes les oeuvres de l’esprit, quels qu’en soient le genre, la forme d’expression, le mérite ou la destination. »
Le droit d’auteur s’acquiert ainsi sans formalités, du fait même de la création de l’œuvre dès l’instant qu’elle porte la marque de la personnalité de l’auteur.
Pour maintenir une sécurité juridique, la qualification d’œuvre protégée au titre du droit d’auteur ne doit pas dépendre du bon vouloir de tiers érigés en critique.